Beautiful Apocalypse • Genesis

Le soleil brûle la peau trop claire de la nymphette qui ne s’en soucis guère, observant le derme de ses avant-bras prendre une teinte plus rouge que rose sans sourciller. Demain, ce sera disparu. Du moins, c’est ce que croyait la petite blonde qui se frayait un chemin dans le parc, à travers les gamins qui s’amusent en cette matinée de dimanche. Les plus calmes d’entre eux lisent sous l’ombre d’un arbre alors que les plus turbulents s’inventent des jeux, saute dans l’étang, un peu plus loin, elle peut distinguer deux élèves jouer aux échecs version sorcier dans l’herbe, un air concentré sur leurs visages juvéniles. Tout ça l’a ramène des années en arrière, à l’époque où elle était elle-même une élève. Une vie simple et plaisante pour quelques mois, loin de cette belle-mère désagréable et des accusations injustifiées pour tout ce qui ne tourne pas rond dans le monde. Le fils des voisins est très malade, ça ne serait jamais arrivé si tu n’avais pas vu le jour, Primerose! Il y a longtemps qu’elle a appris à ne pas écouter de telle sottise.  L’enseignante a passé sa vie à essayer de minimiser ses impacts sur la vie des autres. Elle avait donné des cours particuliers aux élèves moins doués qu’elle pendant ses années d’études, elle avait aidé son père à la boutique lorsqu’il en avait besoin, elle avait refilé pain et eau à ceux qui en avaient besoin, elle avait passé des heures à faire du babysitting pour les autres. Avec le temps, la petite blonde en est venue au fait que ce n’est pas elle le problème, que sa belle-mère n’était qu’une femme jalouse et désagréable. Mais jalouse de quoi? Voilà la question qui revient si souvent dans son esprit, sans qu’elle n’y trouve la moindre réponse. Est-ce que cela a une quelconque importance maintenant, alors qu’elle n’a plus besoin de vivre sous son toit, alors qu’elle n’a plus à supporter ses sauts d’humeurs constants? Sans doute pas.

Elle chasse ces pensées sombres alors qu’elle arrive dans le parc, les prunelles claires cherchant une silhouette vaguement familière dans la foule, mais abandonne l’idée rapidement. Qui s’attend-elle à voir ici, hum? Primerose n’a jamais été de ces gens très bavards, de ces gens avec des tonnes d’amis. De nature timide et posée, elle préfère de loin la solitude aux foules. Même lorsqu’elle était élève, elle n’avait eu que de rares amis. D’ailleurs, elle n’est pas entrée en contact avec son meilleur ami depuis tellement longtemps qu’elle se demande encore s’il est vivant, mais cette pensée-là aussi, elle la chasse. L’hybride réajuste les livres dans ses bras, les calant un peu plus contre sa poitrine d’un geste maladroit empreint de grâce. Elle a toujours eu cette contradiction, entre la maladresse enfantine qui lui colle encore à la peau, les gestes imprécis et flous et cette grâce qui, elle le croit du moins, doit venir de ce côté fantastique qui coule dans son sang, de cette mère qu’elle n’a jamais connu et dont le visage ressemble à ces dessins de Nymphe que l’on voit dans les livres. Elle ne vit jamais la petite tornade aux boucles brunes la percuter de plein fouet, continuant sa course sans un regard en arrière, sans un mot d’excuse. Son équilibre fut mis à rude épreuve et elle percute violemment quelque chose. Ou quelqu’un, le livre s’écroulant au sol dans un bruit sourd. La jeune femme fait volte-face après avoir retrouvé un équilibre sommaire, ses prunelles céruléennes se posant sur la personne qu’elle venait de percuter par accident. Aussitôt, elle sent le rouge lui monter aux joues, son cœur accélérant brutalement dans sa poitrine alors qu’elle réagit. Il  ne lui faut que quelques secondes avant de faire une courbette, comme on s’en entend de quelqu’un de sa condition devant une personne du rang de l’homme.« J’espère que Sa Majesté me pardonnera cette erreur.» susurra-t-elle de sa voix mélodieux, maintenant sa position quelques secondes de plus que nécessaire avant de se redresser, n’osant tout de même pas croiser le regard du jeune homme. Vraiment? De tous ceux qu’elle aurait pu percuter, il fallait que ce soit lui? Si Genesis n’a qu’un an de moins qu’elle et qu’ils avaient fréquenté les salles de classe à la même époque, jamais Primerose n’avait osé lui adresser la parole outre que pour les bases de la politesse qui lui est exigé. Aujourd’hui, elle est enseignante alors que le jeune homme est… assistant enseignant. Si sa mémoire est bonne. Si ça se trouve, il ignore qui elle est.


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J'ai besoin de respirer. Pitié, de l'air. Je suis de mauvaise humeur, qui plus est, je venais de donner cour de rattrapage à une bande de crétins finis. Le pire, c'est qu'Alexandre était dans ce groupe, pour mon plus grand malheur. Étant professeur assistant en grands efforts, j'avais mon ex dans plusieurs de mes cours. N'aurait-il pas pu choisir une autre discipline que la même que la mienne ? Non, bien sur que non...Enfin, en même temps Alexandre était de deux ans mon cadet, du coups, nos études nous l'avions passés ensemble. Au départ ça se passait bien, ouai, jusqu'au jour ou nous étions sortis ensemble et qu'il avait fini par me quitter, me laissant une simple lettre comme objet de rupture. Arrivé dehors je respire un grand coup en cherchant une façon comme une autre de me défouler. Pas de chance je n'étais pas en habits pour courir, pour me dépenser. Du coup je me contente de positionner mes mains sur mes hanches et de fermer les yeux, cherchant un certain réconfort dans ce néant total qui apparaissait derrière mes paupières. Je me mets doucement en marche, essayant d'échapper à la réalité l'espace de quelques instants. J'avais besoin de solitude. Oui, cette solitude qui me collait à la peau. Plus pour très longtemps d'ailleurs...Ouai, ma solitude j'allais pouvoir me la carrer là où je pense vu mes fiançailles. Pas que je souhaites celles-ci, que du contraire, l'idée de me fiancer me répugnais totalement. Comme si ma vie n'était pas assez compliquée ainsi, il fallait y ajouter une jeune fille totalement douce et innocente. La seule chose qu'elle avait pour elle, en plus de sa beauté évidente, était sa virginité encore présente. Mais soit. Avais-je seulement le choix ? Bien sur que non. J'étais prince, j'aurais dû être marié depuis plusieurs années, sauf que j'avais eu l'intelligence de faire un compromis avec mes parents...mais la bombe nucléaire avait fini par exploser et avait ravagé tous mes espoirs par la même occasion. Laissant mes pas me mener sans regarder où j'allais, je finis par me faire percuter. Cet accident était-il de ma faute ? Peut-être. Sincèrement je n'en avais aucune idée, de toute façon, ce n'était pas à moi de m'excuser. Un prince ne demande pas pardon...Ben quoi...oui, les chevilles ça va merci.

Levant mon regard vers une jeune femme blonde, celle-ci rougit tout en s'inclinant poliment devant moi. Bon au moins elle était respectueuse, ce qui était un bon point à mes yeux. « J’espère que Sa Majesté me pardonnera cette erreur.» Je l'observe en silence durant quelques instants avant d'enfin la reconnaître. Elle était professeur, néanmoins, elle avait également étudiée ici en même temps que moi. Quoi que, non, elle avait terminé une année avant la mienne. Oui, je suis un homme qui a tendance à assimiler les choses aussi futiles soient-elles, mais également à m'en souvenir. J'ai une très bonne mémoire. « Vous êtes toute pardonnée Mademoiselle Blanchard...si j'ai bonne mémoire. » Dis-je simplement en me baissant pour attraper son livre sur le sol. J'avais beau être un homme assez froid, solitaire et voir cruel je n'en restais pas moins un amoureux de lecture. Oui, le soir j'aimais me plonger dans un bon livre et m'évader de ce monde réel. Oui, ne pensez pas que je sois stupide. Loin de là. J'avais toujours été un étudiant très studieux et avais excellé dans mon apprentissage. Que faisais-je ici alors ? Voyez-vous un prince travailler dans la sécurité ? Bien sur que non, mes parents ne l'auraient jamais acceptés. Je lui tends doucement le livre. « Vous avez faits tombé ceci il me semble. » Je ne souris pas. Ma voix n'est pas chaleureuse mais nullement agressive. Non, j'ai l'air juste très...fatigué voir ailleurs, comme m'éloignant au fur et à mesure de ce monde, de cette époque. J'aurais juste aimé me renfermer dans une bulle, fuir ce titre qui pesait tellement lourd sur mes épaules. Je ne voulais pas de ce mariage, je souhaitais juste exister par moi même. Aimer ? Non, depuis qu'Alexandre m'avait brisé je n'avais plus souhaité ressentir quoi que ce soit de comparable. L'amour c'est brutale, ça fait bien trop mal. Mon regard vairon se pose dans les yeux bleus de la jeune professeur. Nos regards étaient sublimes à leur façon respectives.


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