Don't ask questions when you don't want the answer

❝Don't ask questions when
you don't want the answer❞
Ange & Eline

Eline s’était levée tôt ce matin là, enfin pour elle il s’agissait d’une habitude mais bon nombres de ses camarades auraient estimé l’heure indécente. Enfilant l’uniforme de l’établissement, elle avait noué ses cheveux en une queue de cheval avant d’aller profiter de l’art des cuisinières. S’emparant de quelques croissants et pains aux chocolats accompagnée d’un verre de thé vert à la menthe, elle avait délaissé les lieux pour se rendre dans les jardins. L’accusation de snobisme n’avait aucun sens puisque peu d’étudiants étaient levés et qu’elle voulait surtout profiter du calme des jardins avant les autres pour déguster un petit-déjeuner en paix. N’ayant pas cours dès le début de la matinée, elle avait choisie d’emporter son carnet à dessin et ses crayons afin de dessiner la végétation autour de la fontaine de Viviane. Lieu peu fréquenté, elle y aurait la paix à laquelle elle aspirait depuis quelques jours suite à la lettre de sa mère.

La lettre avait fini au cœur des flammes, non pas grâce à ses mains à d’autres plus masculines et en voyant le parchemin brûler Eline n’avait put s’empêcher de grimacer. Les mots sur le parchemin étaient clair, sa mère parlait de fiançailles, ses parents n’avait pas conclu d’alliance encore mais ils se penchaient sur la question aussi ils souhaitaient savoir si elle avait une préférence. Elle leur avait renvoyé un hibou leur annonçant qu’elle n’en avait aucune et qu’elle les priait seulement d’avoir un droit de retrait si l’homme choisi ne lui convenait pas. Elle doutait qu’on lui accorde ce droit mais il ne lui avait pas vraiment laissé le choix, lui ordonnant de demander ce droit pour qu’elle l’exerce et ne reste qu’à lui. Laissant le goût de viennoiseries et du thé imprégner son palais, Eline avait sorti son dessin de lui observant les courbes qu’elle avait caressé la veille du bout des doigts, il lui manquait déjà terriblement. Cette dépendance était néfaste mais elle n’arrivait pas à cause d’un manque de volonté évident à s’en défaire. Lâchant un soupir exprimant son trop plein d’émotion, elle termina son petit-déjeuner et s’installa à même le sol dans un coin près de la fontaine pour tracer le paysage sur une nouvelle feuille blanche. Il n’y avait jamais de couleur sur ses dessins, juste des traits noirs comme la nuit et la blancheur de papier sur lequel elle les traçait avec soin. Cette activité la calmait, lui permettant de se concentrer sur ce qu’elle voyait et faisait en occultant tout les autres pensées parasites pour un temps. Il n’y avait plus qu’elle et le paysage devant elle enfin jusqu’à ce qu’elle entende un bruit de pas. Fronçant légèrement ses sourcils, elle décida d’occulter la personne inconnue qui arrivait, l’ignorer entrainerait peut-être un simple passage sans conversation.

Don't ask questions when you don't want the answer

- Angélique, il faudrait passer à l'infirmerie, ils ont besoin d'un coup de main avec un virus apparemment. Elle hoche la tête. Elle est déjà debout depuis quelques heures, comme tous les matins elle a assisté au lever du soleil, elle a prit son petit déjeuner puis elle est allée rejoindre son frère pour attaquer sa journée. Ils ont encore des quartiers à BeauxBâtons, proches de la famille royale. Probablement parce qu'ils sont les médicomages royaux de France. Leur don leur permet d'être beaucoup plus puissants dans la branche de la médicomagie que n'importe qui d'autre, chez eux c'est instinctif, ils savent comment faire, connaissent les sortilèges et les antidotes sans même les avoir étudié. Mais ça ne sauve pas tout le monde. Ils n'ont pas pu sauver leurs parents. Parfois la maladie est trop avancée, trop forte même pour eux. Elle avance dans les couloirs jusqu'à l'infirmerie. Elle porte un taille bleu pâle, composé d'une jupe, d'une chemise blanche en soie et d'une veste assortie au bas. Ses talons claque sur les pierres et ses cheveux roux relevés en un chignon élégant dont s'échappent quelques anglaises lui donne un air à la fois doux mais sérieux. Elle vient aider à l'infirmerie avec les malades qui ont débarqués pendant la nuit et qui vomissent tripes et boyaux sans parvenir à s'arrêter. - Qu'ont-ils mangés hier au soir ? s'enquiert-elle d'une voix professionnelle. Elle n'est plus la Comtesse d'Angoulême, ni même la meilleure amie du Prince et du cadet Rousseau, elle n'est plus l'ange du palais, elle est une médicomage compétente et diplômée et elle va faire de son mieux pour soigner les adolescents. L'une des infirmières lui décrit le repas et les boissons. Ange demande aux malades ce qu'ils ont mangés et regroupe tout ça. - Intoxication alimentaire. Violente de ce qu'on peut voir, diagnostique t-elle d'une voix douce. Elle aide à préparer les antidotes puis décide d'aller faire un tour dans les jardins.

Elle a toujours été cet endroit, elle se réfugiait souvent ici avec ses amis quand ils étaient plus jeunes. Il lui arrive encore de le faire pour venir lire ou dessiner. Son coin préféré c'était loin de la foule, du côté de la Fontaine de Viviane, un petit coin tranquille regorgeant de fleurs de toutes les couleurs, du chant des oiseaux et du clapotis serein de l'eau. Elle s'avance dans les allées, fleur délicate à la peau diaphane et aux cheveux de feu. L'on aurait dit une fée ou une apparition soudaine, un ange descendu visiter les jardins royaux de France. Elle aperçoit une silhouette et s'approche. C'est une jeune fille en train de dessiner, elle porte les couleurs jaunes des Jonquilles sur son uniforme, tout comme ses amis autrefois. En regardant doucement par dessus son épaule pour voir ce qu'elle dessinait, elle aperçoit les premières esquisses du paysage que la jeune femme dessine. Elle reconnaît alors Eline Vaugrenard. Elles se sont rencontrées brièvement il y a quelques mois, la Comtesse avait vu l'un de ses dessins. Un portrait d'un homme, merveilleux. Outre le coup de crayon délicat de l'étudiante, elle avait été subjuguée par l'émotion qui ressortait de ce dessin. Mais depuis la jeune femme l'avait fuie et elle même prise par ses obligations elle n'avait pas encore eu le temps de lui reparler. Maintenant elle allait le prendre. - Ton paysage est magnifique. Tu as vraiment un don pour le dessin. Elle lui sourit et s'assoit près d'elle. Comment tu vas depuis la dernière fois ? J'ai la légère impression que tu me fuis. Elle sourit, le regard un peu espiègle mais la voix douce et taquine. Elle n'est pas méchante au contraire, elle ne veut pas braquer la jeune fille qui l'intrigue beaucoup.

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