S'aimer soi-même est le début d'une histoire d'amour qui durera toute une vie. - wilde

"Isobel,

La douleur m'est insoutenable et je ne veux en aucun cas te porter préjudice ou te blesser, mais il faut croire que les valeurs de ma famille sont supérieures à notre désir de nous marier. Je t'écris cette sous l’œil de ma mère : elle est au courant de nos projets. Ne t'inquiète pas, elle ne lira pas cette version de cette lettre mais une autre, avec une tonalité plus distante. Cependant, je dois plier à la volonté de mes parents.

Isobel, nous ne pouvons plus continuer à nous fréquenter. Je suis le seul héritier du duché et de ma famille, et aux yeux de celle-ci, tu n'es pas digne d'être mon épouse. Ils veulent une épouse qui partagent les mêmes valeurs que la famille Baudelaire. Une épouse qu'ils auront, bien entendu, choisi pour moi. Et toi, tu ne corresponds pas à leur critère.

Je ne peux imaginer la douleur, ou bien la colère, que tu dois ressentir en lisant cette lettre. Moi aussi, je suis également peiné de devoir t'écrire ces mots. Mais j'ai fais un choix, j'ai choisi ma famille. Je t'en prie, cesse tout contact avec moi ou mes parent porteront préjudices à ta famille. Cela peut paraître surprenant, mais ma mère est absolument prête à tout pour sauver les apparences.

Pardonne- moi ou non. Qu'importe, mais ne me contacte plus.

Je suis désolé,

E."

A la fin de la lecture, Eleanor posa la lettre sur la table et posa un regard à la fois interrogateur et effrayée. Sa mère était calme et avait même un regard attendrissant. Elle se doutait bien qu'elle venait de faire une révélation qui bouleversait sa fille et sur tout ce qu'elle croyait. « Ce destinataire ... Vous comptiez vous marier avec lui ? Avec ... » « Oui, j'ai failli devenir duchesse et épouse d'Eric Baudelaire. » Eleanor respira et expira un bon coup. La nouvelle était difficile à digérer. Elle nota un air de nostalgie dans les yeux maternels, comme si elle tentait de se remémorer d'une histoire d'amour qui a mal tourné. Cette découverte était certes déconcertante mais Eleanor ne savait pas pourquoi sa mère lui avait fait lire cette lettre et avait demandé à ce que sa fille et elle aient une discussion. La réponse ne se faisait pas prier. « Eric Baudelaire est ton père biologique. » Le choc prit la place de la surprise. Eleanor ne l'avait pas vu venir. Déjà blanche de peau, elle avait pâli un peu plus. Alors l'homme qu'elle croyait être son père, avec qui elle avait grandi dans ce manoir, n'était pas celui qu'elle croyait. Certes Sirius était toujours distant envers elle mais s'était montré toujours bienveillant avec l'enfant. L'homme qu'elle appelait pas "père" n'était pas le sein. Seulement le mari de sa mère. Quant à son vrai père, il avait quitté sa mère, enceinte, à cause d'obligations familiales. Eleanor était loin d'être une fille romantique, mais elle trouvait cette attitude fort déplaisante. « Pourquoi vous en parlez maintenant ? » Isobel avait toujours ce même regard triste et bienveillant qu'elle avait adopté depuis le début de la conversation. Elle prit un instant avant de donner sa réponse. « Il me semble que sa fille aînée va bientôt faire sa rentrée à Beauxbâtons et qu'il était grand temps pour toi de connaître tes origines, qu'en plus de tout cela, tu étais suffisamment mature pour connaître la vérité. » Les pensées se mélangèrent dans sa tête, de mêmes pour ses émotions. La colère, le choc, et la déconcertation étaient les principales émotions qu'elle ressentait à ce moment précis. Elle en voulait presque à sa mère de lui avoir caché cette information mais la pardonnait au fond d'elle. Ses mains jointes sur les genoux, elle se mit à trembler. Isobel, assise à l'autre bout de la table, se leva, se rapprocha de sa fille et lui posa ses mains sur celles d'Eleanor pour lui attirer son attention. « Il n'a jamais su que j'étais enceinte de lui. J'ai découvert que je l'ai été au moment où j'ai reçu sa dernière lettre. Dès que mes parents l'ont su, ils m'ont déscolarisée et m'ont obligée à épouser mon mari pour sauver les apparences. Mais le mal était déjà fait ; à cause d'une erreur que j'ai faite, je suis devenue la risée de la bourgeoisie française. Et tu es une malheureuse victime de cette histoire. » Les larmes se mirent à couler sur les joues d'Eleanor. Quand sa mère parlait d'"erreur", la jeune fille comprit qu'elle n'était pas visée mais elle en faisait partie. Elle était la conséquence de cette erreur, un poids qu'elle devait à présent porter également, puisque, sans le vouloir, elle a porté préjudice à sa mère avant même de venir au monde. « Je te le répète Eleanor, tu n'es qu'une victime comme moi de ce malheur, ne te blâme pas. A part mes parents, moi et ton beau-père, personne d'autres ne sait qui est ton vrai père. Et je doute fortement qu'il ait compris que j'étais enceinte de lui. Je voulais tout simplement te dire qui tu étais, te révéler un secret que je portais depuis 17 ans. » Un secret qu'Eleanor était bien obligée de garder.


« Wilde ! » A l'appel de son nom, Eleanor s'arrêta. Elle n'eut pas besoin de se retourner pour voir qui était. Elle avait reconnu la si douce voix d'Hortense. Cette élève qui était de la même année qu'Eleanor adorait lui mener la vie dure. Il y avait deux raisons à cela ; elle était noble et Eleanor était une bâtarde. En ayant connaissance de ce détail, Hortense sautait sur n'importe laquelle occasion pour la brimer en public et assumer une quelconque autorité. Comme là, dans les jardins de l'école française, au moment où Eleanor comptait rentrer dans son dortoir et de continuer à travailler. Comme sa mère l'avait craint il y a quelques plus tôt, la troublante naissance d'Eleanor refit surface sur les bancs de Beauxbâtons et certains élèves, comme Hortense, ne rataient pas une occasion pour la brimer. Au départ, Eleanor prenait en pleine figure ces moqueries et en souffrait en silence. Avec le temps, elle prit conscience que si elle prenait trop à cœur ces attaques, ses tortionnaires auront obtenu ce qu'ils attendaient en la brimant. Elle se devait être plus forte, être au-dessus de tout cela. A chaque brimade qu'elle recevait, elle contre-attaquait. Au départ, la plupart de ses tortionnaires étaient surpris qu'elle leur répondait et arrêtèrent par la suite. Quant aux autres, dont en faisait partie Hortense, persévéraient ou bien s'entêtaient à l'attaquer, cherchant à briser cette carapace froide qu'elle avait adopté depuis un certain temps.
Eleanor se retourna finalement pour faire face à Hortense. Sans surprise, elle note qu'Hortense n'était pas venue seule, deux de ses amies - ou bien suivantes, Eleanor avait parfois un peu du mal à saisir les vraies amitiés des alliances dans certains groupes d'individus. « Alors, toujours avec tes bouquins ? Ton intelligence n'effacera pas ta bâtardise. » Dans l'immédiat, Eleanor ne répondit pas. Elle préféra laisser Hortense savourer sa courte victoire et ses "amies" rire, approuvant l'attaquant et accentuer leur bêtise. Elle formula patiemment sa réplique et offrit cette réponse ; « En plus de ma naissance, tu t'en prends à mes capacités intellectuelles. En même temps, je ne peux que te plaindre ; quand on a que la beauté comme atout, on a forcément un petit esprit. Dans ton cas, je doute fortement que tu en aies un. » Les deux "amies" d'Hortense émirent un son de surprise tandis qu'Hortense rougit de colère. Un claquement de sa part et ses acolytes se placèrent à côté d'Eleanor en la saisissant. Surprise, Eleanor en fit tomber ses livres et ses parchemins. Hortense ramassa ces derniers et les jeta dans la fontaine. Sous l'effet de la colère, Eleanor se débattit et se dirigea vers le lieu du crime. Quant à Hortense et à ses "amies", elle s'éloignèrent en riant aux éclats.
Sans attendre, Eleanor enleva ses chaussures et chaussettes, remonta un peu sa jupe et entra dans le bassin de la fontaine. Tous ses cours étaient rédigés dans ces parchemins, si elle tardait trop, elle perdrait toutes ses notes. Occupée à ramasser ce qu'elle pouvait, elle ne fit pas attention à une présence qui était également entré dans la fontaine. Tandis qu'elle ramassait tous les parchemins mouillés, sa main croisa une autre lorsqu'elle s'apprêtait à prendre le dernier parchemin. C'est alors qu'elle croisa le regard de l'autre individu et qu'elle le reconnut. Baptiste, un autre élève de sa promotion et une autre victime des Grands du fait de sa nature de né-moldu. Ils se regardèrent pendant un instant sans rien dire. Mais Eleanor finit par briser la glace, en ajoutant un peu plus de froideur dans sa voix. « Merci, je vais prendre le relais à partir de là. » Sans rien lui demander, elle lui prit les parchemins restants et sortit du bassin. Elle évalua rapidement les dégâts et sortit sa baguette. Après une rapide évaluation, elle constata qu'elle pouvait encore sauver quelques cours par un sort rapide. Quant aux autres, et bien, elle devait se débrouiller pour récupérer les cours. « ... J'ai cru comprendre que tu donnais des cours personnels en histoire de la magie ... » La jeune fille se retourna ; Baptiste n'était pas parti comme elle l'avait envisagé. Il avait l'air penaud avec ses vêtements mouillés et surtout mal à l'aise. Eleanor ne lui répondait pas, se contentant seulement de froncer les sourcils, comme intriguée par l'attitude de Baptiste. « En fait, j'aurais bien besoin que tu m'aides pour les cours. J'suis une vraie couille en histoire - et ça date pas d'hier. Avec les V.A.L.S.E. en fin d'année, j'ai pas envie de foirer mes exam'. Si tu pouvais me donner. deux-trois tuyaux, ce serait sympa de ta part »
Un peu déroutée par le langage ... moldu de Baptiste, elle prit un instant avant de répondre. Cette demande ne se faisait pas dans un intérêt quelconque. Eleanor avait clairement compris qu'il n'exigeait pas un service de sa part pour l'avoir aidée. Baptiste voulait vraiment qu'elle l'aide dans un problème qu'elle pouvait résoudre. Elle ne répondit pas dans l'immédiat. Elle remit ses chaussures, jeta un sort pour faire sécher ses cours, les ramassa et fit face à Baptiste. « Dimanche, 16h00 te convient ? C'est le seul créneau que je peux te proposer. »