(célestin) time to play

it's time to play.

⊰ célestin & séphirine. ⊱

l'amitié est une denrée rare faite attention à qui vous la confiez.

Il y avait toujours eu une chose que tu aimais plus que tout : l'art. Certes, tu n'avais jamais été une grande connaisseuse, ton statut ne te permettant pas spécialement de passer ton temps à voguer entre les toiles ou encore à fréquenter l'opéra.. Mais tu étais passionnée par deux choses que tu étais incapable de faire : chanter juste et peindre quelque chose de beau. Tu avais bien d'autres talents, mais sûrement pas ces deux là. C'est sur ses pensées que tu étais arrêtée en observant les détails architecturaux de ces grandes bâtisses parisienne. Il faut dire que la ville avait un charme particulier. Elle l'avait toujours eu, même si tu n'avais l'occasion de t'y arrêter que depuis ton mariage avec Ruben. Avant, tu avais toujours consacré ton temps à des choses bien plus utiles que la contemplation.

Mais il y a une autre vérité qu'il fallait avouer : l'art de la contemplation était loin d'être déplaisant lorsque ton regard tombait sur un homme tel que Célestin. En effet, si c'était un bel homme, c'était aussi une belle proie. Une opportunité. Une possible source d'information. Les Gévaudan étaient l'une de tes dernières tactiques. Certes, approcher la monarchie via la famille plus ou moins proche des Leroy pouvait être intéressant, mais tu n'étais pas quelqu'un de fermé. Tu étudiais toutes les possibilités, et les Gévaudan en étaient une. Qui de mieux que la famille protectrice des Leroy pour connaitre quelques secrets croustillants ? Un sourire mielleux étirant doucement tes lèvres, tu changes alors de direction pour ferrer ta proie. Célestin ! Ce n'était pas ta première rencontre avec lui, loin de là. Cela faisait plusieurs semaines que tu avais commencé à l'approcher. L'air de rien. Innocente. Simplement ouverte à la discussion, en tant qu'ancienne membre du bas peuple. Tu n'avais jamais oublié tes racines, que tu lui avais avoué.. Bien que cela soit vrai, tu n'oubliais pas, cela ne t'empêchais pas de tenter de l'oublier le plus souvent possible. Tu n'aimais pas les classes, les pauvres d'un côté et les riches de l'autre, mais tu avais travaillé dur et tué ton mari pour ne plus être cette pauvre gamine dans la rue. Que fais-tu par ici ? Tu n'es pas de garde aujourd'hui ? Tu ne comprenais pas comment quelqu'un pouvait offrir sa vie entière à qui que ce soit. Cela te dépassait. Pour toi, l'âme humaine avait une grande part d'individualisme.. Alors comment pouvait-il se consacrer aux Leroy ? Réflexion faite, tu ne pouvais pas totalement t'en plaindre non plus, puisque ce très cher Célestin pouvait t'être utile, finalement.

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ELLE VOYAIT SON PROPRE REFLET DANS LEURS YEUX.

Paris est froid, Paris est sec. Un, deux, trois, l'homme-loup fait craquer tour à tour ses phalanges, avant de s'attaquer à la nuque, pour finalement descendre jusqu'à l'échine. La nuit, bien plus glaciale que le jour, a été longue ; trop longue pour l'homme qui rentre, prêt à poser son crâne lasse sur la couche de sa tanière. Du Palais des Tuileries, il traîne les pieds le long du septentrion, croise la route d'une boulangerie, regrette de l'avoir semée, mais ne revient pas sur ces pas. La prochaine, se dit-il, à la prochaine, il échangera ses quelques francs blancs pour la douceur d'un croissant et l'aigreur d'un café. Les paupières douloureuses à chaque battement de cil, le teint bien plus laiteux qu'à l'habitude, ses pensées vagabondes comme le font celles des esprits fatigués : le non-sens de son imaginaire se confond sans mal à la réalité. Si bien qu'il lui faut un temps, pour réaliser la présence de Madame Peyrnois. Que fais-tu par ici ? Tu n'es pas de garde aujourd'hui ? Elle le tutoie, il la vouvoie ; une vieille habitude, preuve de sa soumission à l'ordre établi. Séphirine Peyrnois ne porte pas le sceau de la noblesse, elle n'en demeure pas moins l'une de ces grandes dames. L'une de celles qui s'enivrent dans les enflures sucrées de parfums luxueux. J'en sors tout juste madame. Une brève réponse, qu'il espérait, saurait la satisfaire. Cette femme le mettait étrangement mal à l'aise. Toute en sourire, toute en bonne manière, la sorcière n'était pas ce qu'elle montrait. Sous une enveloppe de grande dame, elle cachait, il en était persuadé, une immense sauvagerie. Les détails de leur rencontre étaient flous, mais récents. Arrivée de nulle part, les rencontres hasardeuses s'enchaînaient depuis. Il l'a voyait partout. Non pas qu'il ne s'en soit plaint un seul instant. Le minois de la bourgeoise n'avait rien de désagréable, et par moment, lorsqu'ils se quittaient, le regard de l'homme glissait instinctivement sur les courbes de Madame. Il ne savait d'elle que peu de chose : un mari mort, une fortune héritée et s'en était bien assez. Et vous, quelles affaires vous ont attiré par ici ? Le Septentrion, synonyme de travail à ses yeux. Il ne parvenait à concevoir que l'on puisse s'y rendre pour autre chose : et même, lorsque les têtes couronnées visités musée, théâtre et opéra, ce n'était jamais que pour être vues, que pour échanger des poignées de mains et des rictus à cent francs d'or.